
TPE 1ère S Institution la Croix Blanche Bondues
La morphine : un médicament ou un stupéfiant ?
LA MORPHINE : UN STUPEFIANT ?
En quoi la morphine est elle un stupéfiant ?
La morphine, dérivée de l'opium, est classée comme stupéfiant et son utilisation est très réglementée. Ce contexte fait peur et certaines personnes imaginent donc être plus en danger en ayant recours à une «drogue» qu'en supportant des douleurs intenses. Elles craignent à tort de devenir des toxicomanes . Cependant, les études scientifiques ont prouvé que la morphine utilisée dans de bonnes conditions n'entraîne pas de toxicomanie , même en étant prise à long terme.
Depuis sa découverte en 1804, les connaissances sur la morphine ont beaucoup évolué. La morphine a posé de nombreux problèmes de toxicomanie au début du XXème siècle, notamment du fait qu'elle était en vente libre, administrée sous forme injectable et qu'on ne connaissait pas ses effets indésirables. De nos jours, son usage détourné est relativement anecdotique et elle n'est utilisée que sous contrôle médical. Elle peut exceptionnellement servir de traitement de substitution après l'échec du Subutex et de la Méthadone dans le traitement de l'héroïnomanie.
Sa prescription engage la responsabilité des médecins puisqu'elle peut engendrer une toxicomanie (4 cas sur 10 000) ou faire l'objet d'un trafic illicite. Afin d'éviter l'apparition d'une dépendance, le médecin ne doit jamais proscrire de la morphine au besoin mais à intervalles réguliers.
Les conditions d'utilisation de la morphine sont aujourd'hui basées sur des données scientifiques :
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la morphine est utilisée pour soulager les douleurs intenses, lorsque les traitements moins puissants ne sont pas efficaces. Elle est utilisée sous surveillance médicale stricte ;
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la voie orale est privilégiée (comprimés, gélules, solutions buvables). Le médicament est ainsi libéré progressivement dans l’organisme, alors que la toxicomanie est favorisée par une libération brutale de doses importantes de médicament ;
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les dosages de morphine sont définis progressivement, au cas par cas. Seule la dose nécessaire à chaque personne est utilisée;
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les prescriptions de morphine orale ou sous forme de patchs sont limitées à 28 jours pour éviter les utilisations inadéquates et le stockage à domicile.
Dans ces conditions, une personne qui prend de la morphine pour soulager sa douleur a un risque tout à fait exceptionnel de devenir toxicomane.
Ensuite, la tolérance à la morphine qui se développe est un phénomène normal et ne doit pas être vécu par le patient comme un signe d'une éventuelle toxicomanie.
Après une utilisation prolongée de morphine, l’arrêt du traitement est toujours possible, mais doit cependant être progressif. Il est réalisé sous le contrôle du médecin. Un arrêt brutal provoque un syndrôme de sevrage (bouffées de chaleur, mal-être, hallucinations, douleurs aiguës, diarrhées…), lié au dérèglement de la production naturelle de morphine par le cerveau.
Ce phénomène de sevrage est très différent de la toxicomanie, qui se définit comme une dépendance physique et psychologique, et un besoin incontrôlable du produit.
Les psychostimulants (amphétamine et cocaïne), comme les opiacés (morphine) ou l’alcool entraînent une augmentation transitoire, de l’ordre de quelques heures, des taux de dopamine dans le noyau accumbens .
Comme beaucoup de drogues, la morphine provoque une sensation de plaisir au niveau du système de récompense du cerveau.
Lorsque le sujet ressent du plaisir, c'est qu'il y a la libération de dopamine . Plus la quantité de dopamine libérée est importante, plus le sujet percevra une sensation de plaisir. Afin que la dopamine ne se libère pas de façon anarchique , le neurotransmetteur GABA se fixe sur des récepteurs spécifiques situés sur la membrane des neurones à dopamine et inhibe leur libération. Sur les neurones à GABA se trouvent des récepteurs opioïdes (principalement Mu). La fixation de la morphine sur ces récepteurs bloque la libération du neurotransmetteur GABA. En conséquence, la libération de dopamine ne sera plus contrôlée ce qui provoquera une libération intense de dopamine conduisant à une sensation de plaisir, effet recherché par les toxicomanes.
Les effets de la morphine sont différents en fonction des récepteurs opiacés:
- à l’origine du récepteur Mû, on peut avoir des dépressions respiratoires , des euphories, ...
- à l'origine du récepteur Kappa, on peut trouver : une sédation ou une somnolence , une Myosis , ou de nouveau une dépression respiratoire.
- le récepteur Delta possède les effets les plus dangereux. Ceux-ci sont observés chez un individu utilisant la morphine comme stupéfiant, mais très rarement pour un traitement médical. On peut trouver une dysphorie , des hallucinations , une stimulation psychomotrice , une vasoconstriction , mais aussi des nausées, des sueurs, une hypotension orthostatique , une dépendance physique , ou une accoutumance .
La morphine peut aussi être qualifiée de stupéfiant car elle est très proche de l'héroïne :
Cette dernière, de formule brute C21H23NO5 est obtenue par acétylation de la morphine : il faut introduire de l’anhydride acétique dans la morphine. Cette réaction va permettre de lier les radicaux acétyles avec la fonction alcool de la morphine. On ajoute ensuite une faible quantité d'acide sulfurique qui catalysera la réaction. Le mélange est chauffé pendant 4 à 5 heures à une température de 85 °C jusqu’à ce que la morphine soit complètement dissoute. Il reste à la fin une mixture d’eau, d’acide acétique et d’héroïne-base . Il suffit donc de filtrer pour isoler l’héroïne base.
L'héroïne-base n'étant pas soluble, elle peut être fumée mais non injectée. Pour obtenir du chlorhydrate d’héroïne aussi appelé héroïne il faut la mélanger avec de l’acide chlorhydrique.
Bien que la morphine et l'héroïne soient similaires dans de nombreux aspects, elles présentent une différence à ne pas négliger : la dépendance à l'héroïne s'installe beaucoup plus rapidement que celle de la morphine. Il est donc aberrant que l'héroïne ai été synthétisée pour remplacer la dépendance à la morphine !
