Interview de Madame Ingrid Cloet et de Monsieur Keith Allardice

 

 

Suite à quel accident ou maladie avez-vous du prendre de la morphine ?

Mme Cloet : "Suite à une chute due au verglas en janvier 2013."

 

Mr Allardice : "J'ai glissé et me suis fait une entorse au genou au niveau du ligament intérieur. Une maladie orpheline, l'algoneurodystrophie, s'est ensuite déclarée. Elle attaque l'intégrité des os, les flux sanguins et le système nerveux. Elle se déclare toujours au niveau d'une articulation, le genou pour moi. Elle limite la mobilité et provoque des douleurs atroces et chroniques."

 

Depuis combien de temps prenez-vous de la morphine ?

Mme Cloet : "Depuis un an."

 

Mr Allardice : "J'ai pris de la morphine pure dès l'apparition de l'algoneurodystrophie en novembre 2008 durant 1 an et demi et je prends maintenant un dérivé morphinique moins fort, le tramadol, depuis 4 ans."

 

Avez-vous déjà essayé d'arrêter ? Si oui, comment avez-vous réagi ? Quel a été la durée de l'arrêt ?

Mme Cloet : "Oui, car j'en avait marre d'en avoir besoin. J'ai mal réagi : j'ai eu des nausées, des bouffées de chaleur et un mal être pendant ces deux jours sans morphine."

 

Mr Allardice : "J'ai essayé de baisser les doses mais les douleurs étaient trop fortes. Il m'était impossible de supporter ces douleurs sans médicaments. Je suis descendu à 250 mg libération prolongée pendant deux jours. A l'hopital, ils ont essayé de diminuer mes doses de morphine : je prenais 275 mg par jour, puis ils sont descendus à 150 mg, 50 mg et 0 mg. Je n'ai eu aucun effets secondaires, sauf qu'il m'est impossible de faire sans ces médicaments."

 

Quelle dose prenez-vous quotidiennement ?

Mme Cloet : "200mg par jour. Au début : dose de 50 mg x3 par jour en janvier puis la dose augmenté en avril jusqu'à 200 mg."

 

Mr Allardice : "Pour la morphine pure : j'ai commencé à 25 mg x 3 par jour jusque 275 mg par jour soit 11 fois plus que la dose de départ. Pour le tramadol : je prends 200 mg à libération prolongée le matin et le soir et 50 mg à libération instantanée matin, midi et soir ; soit 600 mg par jour."

 

Quelle forme ?

Mme Cloet : "Sous forme de cachets à effet retard pour une diffusion journalière."

 

Mr Allardice : "Sous forme de cachets à libération prolongée et à libération instantanée."

 

Pour ou contre la pompe à morphine ?

Mme Cloet : "C'est bien pour des grosses douleurs lorsque les médecins sont non compréhensifs."

 

Mr Allardice : "C'est une très bonne idée, mais il ne faut pas en abuser ; c'est à gérer correctement. A l'hopital, j'aurais apprécié y avoir accès car seul le patient sais comment il souffre et est apte à gérer sa propre douleur. Des études ont d'ailleurs prouvé que la pompe à morphine permettait, pour certaines maladies, de guérir plus vite."

 

Avez-vous eu des effets secondaires ? Si oui, lesquels ? Comment gérez-vous les effets secondaires ?

Mme Cloet : "Pas avec les cachets."

 

Mr Allardice : "La morphine a eu peut d'effets sur ma douleur, elle me sortait juste de la réalité, comme si je n'étais pas dans mon propre corps. J'étais là mais je n'avait pas l'impression d'être là ; comme s'il y avait une sorte de filtre entre moi et le reste : il y avait un décalage comme à la télévision quand il y a un décalage entre le journaliste présentateur et celui qui est à l'autre bout du monde. J'étais totalement endormi, tous mes sens étaient comme au ralenti. De plus, le traitement que je suis est normalement réservé à des courtes périodes alors que cela va faire 6 ans que je le prends ; à long terme, tout mon organisme a changé ainsi que son fonctionnement."

 

Remboursement ?

Mme Cloet : "C’est un accident du travail donc oui, je suis remboursée."

 

Mr Allardice : "Je suis 100% remboursé par la SECU. Au début, je ne l'étais qu'à 70% mais mon statut à changé car je suis dans l'incapacité totale de travailler."

 

Où vous le procurez-vous ?

 Mme Cloet : "En pharmacie avec ordonnance."

 

Mr Allardice : "Pour la morphine pure, il fallait que j'aille voir un spécialiste rhumatologue, au moins pour la première ordonnance. Maintenant, le généraliste peut prescrire les renouvellements de médicaments. Et je vais chercher les médicaments à la pharmacie."