
TPE 1ère S Institution la Croix Blanche Bondues
La morphine : un médicament ou un stupéfiant ?
TEMOIGNAGES SPECIALISTES

Interview de l’anesthésiste et spécialiste de la douleur de la Clinique de la Victoire, Mr.Dorado Carlos (photo).
Interview de l'infirmier et spécialiste de la douleur de la Polyclinique du Bois, Mr Depoix Frédéric.
Pensez vous que la douleur puisse-être bénéfique ?
Mr Dorado : "Jamais. On dit que la douleur est un signe pour le diagnostique, mais il s'agit d'une excuse. Il faut toujours combattre les douleurs aiguës ainsi que chroniques."
Mr Depoix : " Oui bénéfique dans le sens où elle est un signal d’alarme."
Pour quel genre de douleur administrez-vous de la morphine à vos patients ?
Mr Dorado : "Pour des douleurs par excès de nociception, aiguës ou chroniques, comme par exemple des fractures. La morphine ne se donne uniquement lorsque les paliers 1 et 2 sont passés."
Mr Depoix : " Pour les douleurs par excès de nociception (douleurs aigues). Cependant, la morphine n’est pas administrée de suite, il faut d’abord évaluer les douleurs puis ensuite administrer l’antalgique correspondant."
Quelles doses donnez-vous le plus souvent ? Combien de fois par jour ?
Mr Dorado : "En hospitalisation, la morphine se prend principalement par injection. Mais la voie orale doit être utilisée tant qu’elle est possible. Il existe différentes formes, par exemples sous forme de cachets, de chewing-gum ou de sucette (pour les enfants). La morphine se prend également par piqûre , par patch,… (voie sous cutanée, intraveineuse) A quel genre de personnes donnez-vous de la morphine ? Toutes les personnes, sauf contre-indications. Si un patient refuse de prendre de la morphine (par peur des effets secondaires), il y a d’autres médicaments qui agissent contre la douleur. "
Mr Depoix : " Les doses dépendent de l’intensité de la douleur et des effets secondaires que le patient pourrait avoir."
Pensez-vous que la morphine est dangereuse ?
Mr Dorado : "Oui, à cause de ses effets secondaires très souvent rencontrés."
Mr Depoix : " Non, pas avec une prescription rigoureuse. Il faut toujours démarrer par le plus petit dosage et voir si la dose supérieure est nécessaire."
Quels sont les principaux effets secondaires rencontrés ?
Mr Dorado : "Certains patients peuvent souffrir de dépression respiratoire (ralentissement de la respiration), de ralentissement de transit, de prurit (quand la peau démange), d’hallucinations, de vomissement,... Si une personne est hallucinogène, mais a une douleur, alors elle n’aura pas d’hallucination et ne sera pas toxicomane. Tant que la douleur est intense, il n’y aura pas de toxicomanie."
Mr Depoix : " Nausée, vomissements, constipation, prurit."
Existe t-il des lois sur l’administration de la morphine ? Si oui, quelles sont elles et qu’en pensez vous ?
Mr Dorado : "Tous ,le médecins n'ont pas le droit de prescrire une ordonnance. Le médecin doit refaire les ordonnances (pour prescrire de la morphine) tous les 7, 14 ou 28 jours. Les ampoules doivent être restituées au pharmaciens après l’utilisation."
Mr Depoix : " C’est bien, mais il faudrait qu’elles soient incluses dans la formation des médecins et infirmiers. De plus, il devrait y en avoir plus au niveau des prescriptions médicales (nominatif, daté et signé). Pour de la prise de morphine à long cours, il faudrait immédiatement associer la prescription d’un laxatif."
Si non pensez vous qu’il devrait y en avoir ?
Mr Dorado : "Les lois devraient être largement assouplies. Par exemple, une personne atteinte d'un cancer depuis 5 ans, et utilisant de la morphine, doit pouvoir renouveller son ordonnance tous les 28 jours. "
Que pensez-vous de la pompe à morphine ?
Mr Dorado : " Je l'utilise tous les jours. Avec ce principe, le patient devient acteur, il est responsable de son acte. La pompe à morphine est utilisée en post opératoire (en hospitalisation ou en clinique) pour répondre à des douleurs aiguës. Cette machine est programmée pour une certaine quantité à chaque utilisation. Lors d'une injection, le patient se servant de la pompe à morphine, recevra la dose maximale prise en 4h. Quand une douleur survient, le patient appuie. A l'inverse, la pompe à morphine, à domicile, est une mauvaise idée."
Mr Depoix : " Très bon système. Il es important d’avoir une programmation rigoureuse qui permettra au patient de prendre correctement en charge sa douleur."
Où vous-procurez vous la morphine ?
Mr Dorado : "Chaque anesthésiste possède un stock de morphine. Lorsqu'un flacon ou une ampoule est vide, il doit écrire sur une fiche le nom de la personne à qui il l'a prescrite, quand et pourquoi il lui en a donné. Ensuite, les flacons et les ampoules doivent être rendus à la pharmacie."
Mr Depoix : " En milieu hospitalier, ou en pharmacie."
Avez-vous déjà vu une personne en manque de morphine ?
Mr Dorado : "Non, un cas comme celui-ci est rare ; il y en a 1 sur 250 000. La morphine est prescrite selon des paliers différents. Le médicament utilisé pour une douleur du pallier 1, est par exemple le paracétamol, les anti-inflammatoires ; l'efferalgant, codéine sont prises pour des douleurs de paliers 2. La morphine et ses dérivés servent à réduire une douleur de palier 3 (ce palier est le plus fort définie par l'OMS). "
Mr Depoix : " Il n’existe pas de dépendance à la morphine si elle est prescrite pour la douleur. Les toxicomanes recherchent l’effet planant de la morphine (endormissement) ."
Utilisez-vous des échelles de douleur ?
Mr Dorado : "Les échelles de douleurs n'ont pas de rapport avec les paliers, qui sont des classements de médicaments. Il ne faut pas se fier aux échelles de douleur."
Mr Depoix : " Oui, pour évaluer l’intensité de la douleur : échelle graduée EVA, échelle numérique EN, échelle avec des visages (pour enfants), échelle de Khéops, échelle de Dine c’est de l’auto-évaluation
Echelle d’hétéro évaluation par étude du comportement grâce à plusieurs moyens : l’intensité de la douleur, la localisation de la douleur et le psycho-social. Echelle ECPA, le questionnaire de St Antoine."
Certains patients ont-ils refusés de prendre de la morphine ? Pourquoi ?
Mr Dorado : "Oui, mais de moins en moins. Certains patients ont « peur » des effets secondaires dus à la prise de la morphine, par exemple des nausées. D'autres, ont des pensées plus philosophiques ; par exemple, un cancéreux avait écrit Je ne veux pas de mort fine. Dans ces cas là, il existe d'autre moyens de lutter contre la douleur."
Mr Depoix : " Oui principalement les personnes âgées par peur des effets secondaires et le manque d’informations, de connaissances sur la morphine."
La morphine agit en combien de temps ?
Mr Dorado : "La morphine rapide agit au bout de 15 minutes et son effet dure de 3h à 4h, la morphine lente agit au bout de 12h et dure environ 3 jours. La morphine se prend uniquement lors de douleurs rebelles. Cependant elle ne doit pas être utilisée dès les premières douleurs. Par exemple, la morphine n'agit pas pour un individu ayant une migraine. Il faut privilégier les formes orales lors de la prise de la morphine."
Mr Depoix : " Il y a différents types d’administration : par voie orale, par voie transdermique (patch), par voie sous-cutanée, par intraveineuse, par intra nasale ou par voie sublinguale. La durée de l’effet dépend du fait si la morphine est une morphine à action immédiate ou à libération prolongée. Sinon, la morphine agit dès la première minute d’administration mais la variabilité d’action dépend du mode d’administration et de la molécule morphinique."